Une vallée partagée au Moyen-Âge
Situé aux marches de l’empire carolingien, le Val de Lièpvre fut progressivement défriché et peuplé sous l’impulsion des prieurés de Lièpvre et d’Echery, fondés respectivement aux 8e et au 9e siècle. Richement dotés, mais sans défense armée, les deux prieurés voient leurs biens progressivement confisqués par le Duc de Lorraine et les sires de Ribeaupierre.
Cependant, ces seigneurs n’administrent pas eux-mêmes les terres nouvellement acquises. Ils les confient en fief à un vassal commun, les seigneurs d’Echery. Cette famille gère le territoire jusqu’en 1381, année où le dernier Echery décède sans descendance mâle. Son héritage est disputé entre les Ribeaupierre et le Duc de Lorraine. Par un traité daté du 9 décembre 1399, les belligérants trouvent un accord et se partagent la vallée en deux moitiés.Suivant les cours d’eau du Liversel, de la Lièpvrette et de la Goutte Saint-Blaise, le Landbach (” le ruisseau frontière “) forme la limite territoriale entre les deux seigneuries. La frontière passe au milieu du village de Sainte-Marie-aux-Mines, qui se trouve ainsi divisé en deux : Sainte-Marie Alsace et Sainte-Marie Lorraine.
Le passage de la frontière à Sainte-Marie-aux-Mines
Au 16e siècle, les contrastes entre la partie lorraine et la partie alsacienne s’accentuent. Si la rive gauche du Landbach (partie lorraine) reste francophone et catholique, les sires de Ribeaupierre accueillent sur leurs terres des milliers de mineurs germanophones. Malgré les liens de vassalité qui les lient aux Habsbourg, les Ribeaupierre se convertissent à la Réforme et accueillent – contre la volonté de leur suzerain – plusieurs communautés protestantes dans le Val de Lièpvre. Par le traité de Westphalie en 1648, la partie alsacienne du Val de Lièpvre devient française, plus d’un siècle avant que la Lorraine ne rejoigne le royaume de France (1766). En 1790, Sainte-Marie Alsace et Sainte-Marie Lorraine fusionnent en une seule ville : Sainte-Marie-aux-Mines.
Une vallée du front sous la 1ère Grande Guerre
Mais entre 1871 et 1918 (période de l’Annexion), la frontière franco-allemande est rétablie sur la ligne de crête du massif vosgien. Dès lors, l’ensemble du Val de Lièpvre se trouve intégré au Reich allemand. Durant la Première Guerre mondiale, la ligne de front est fortifiée par les Allemands pour maintenir une guerre de position dès le mois de novembre 1914. Un réseau complexe mélant téléphériques, voies ferrés et tranchées permet d’acheminer rapidement vers le front hommes, vivres et munitions.
La Grande Guerre a laissé des traces encore visibles visibles aujourd’hui : cimetières militaires, blockhaus et anciennes tranchées rappellent la proximité du Val de Lièpvre avec les zones de combats.